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AZEMMOUR : UN PASSÉ À EXPLORER, UN PRÉSENT À (RE)DÉCOUVRIR

AZEMMOUR : UN PASSÉ À EXPLORER, UN PRÉSENT À (RE)DÉCOUVRIR

AZEMMOUR UN PASSE A EXPLORER UN PRESENT A REDECOUVRIR myluxurylife 12 AZEMMOUR : UN PASSÉ À EXPLORER, UN PRÉSENT À (RE)DÉCOUVRIR

De ses racines amazighes à ses périodes berbères, de ses influences portugaises, à son héritage juif et arabe, Azemmour a eu de nombreuses vies. Escapade historique au cœur d’une cité millénaire.


Dans le cœur battant du Maroc, se dresse Azmmour, une ville enveloppée de mystère et d’histoire. Baptisée Azama en amazigh, en référence à l’olivier sauvage qui s’épanouit dans ses contrées, elle fut dès l’année 667, l’une des premières villes à s’ouvrir à l’islam sous la houlette de Moussa Bnou Nouçaïr. Ses ruelles voûtées et ses quartiers authentiques murmurent les récits d’un passé glorieux.

De ses racines amazighes à ses périodes berbères, de ses influences portugaises, à son héritage juif et arabe, Azemmour a eu de nombreuses vies. Escapade historique au cœur d'une cité millénaire.

Sa légende spirituelle


Dans un temps lointain, Azemmour, écrin de mystère et de splendeur, se dressait fièrement sous la férule des Berghouata. Cette principauté, qui s’étendait majestueusement de l’embouchure du Bouregreg jusqu’aux rives du Tensift, connut son apogée jusqu’à l’ère des Almohades (1156-1269). Les souverains de cette dynastie érigèrent les murailles actuelles, conférant à la ville une allure de forteresse.

Abritant le mausolée du cheikh soufi Abou Choaib Ayyoub Ibn Said Senhaji, plus connu sous le nom de Moulay Bouchaib Erradad, ce sage vécut à la charnière des époques almoravide et almohade vers 1165, laissant une empreinte indélébile sur la ville.

Selon une légende qui traverse les siècles, Lalla Aicha, jeune femme originaire de Bagdad, vint à Azemmour dans l’espoir d’unir son destin à celui du cheikh soufi. Hélas, elle y trouva une fin tragique, noyée à l’embouchure de l’Oued Oum Errabii. Devenue la sainte protectrice des amoureux et guérisseuse des femmes en quête de maternité, son mausolée, niché sur l’autre rive du fleuve, demeure un sanctuaire d’espoir et de foi, accessible uniquement par barque, comme pour en préserver le mystère.


Son histoire juive


Sous l’éclatante époque de la dynastie mérinide (1244-1465), Azemmour brillait en tant que joyau intellectuel. Le Sultan Abou Al Hassan Al Marini y édifia une médersa, chef-d’œuvre architectural où se mêlaient dévotion et soif de savoir.

En 1496, après avoir été chassés du Portugal, Azemmour ouvrit généreusement ses portes à une communauté juive composée de pêcheurs, d’artisans et de marchands fortunés, en quête de refuge. La ville se para de demeures élégantes aux accents mauresques et plus tard, du mausolée du vénéré Rabbi Abrahim Moul Niss ; symboles vivants de la tolérance qui imprégnent encore l’atmosphère d’Azemmour. Bien que l’histoire de Rabbi Abrahim Moul Niss ne soit pas consignée dans les annales officielles, la légende raconte qu’il aurait foulé le sol d’Azemmour il y a plus de 500 ans. Vénéré tant par les communautés juives que musulmanes, et dans l’espoir fervent que sa bénédiction puisse tisser leurs rêves et apaiser leurs tourments, il était de coutume pour les mères d’offrir les premières mèches de cheveux de leurs nouveau-nés à la terre sacrée de sa sépulture.

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Aujourd’hui encore, la célébration de la Hiloula de Rabbi Abraham Moul Niss demeure un événement empreint de ferveur à Azemmour, attirant une multitude de pèlerins en quête de ses grâces célestes.


Son héros aux Amériques


Plus tard, Azemmour a donné naissance à Mustapha Zemmouri plus connu sous le nom d’Estevanico ; le premier Africain à avoir foulé le sol du Nouveau Monde en 1527. Ce pionnier de l’exploration, doué d’une prodigieuse capacité d’apprentissage, maîtrisa en quelques semaines les langues amérindiennes. Partageant ses connaissances des herbes médicinales, héritage des Doukkalas, il fut adopté par des tribus indiennes, avant d’être capturé par d’autres.

Triomphant face à l’adversité, Estevanico fit son retour à Mexico en 1536, escorté par un cortège d’indigènes. Présenté au vice-roi de la Nouvelle-Espagne, ce dernier le chargea de la quête des sept fabuleuses cités d’or de Cibola. Selon la légende, en 1539, il fut de nouveau capturé puis tragiquement tué par une tribu hostile du Nouveau-Mexique. Son épopée reste célébrée aux États-Unis, où le premier Festival international dédié à Estevanico fut organisé. Son buste trône fièrement parmi une série de sculptures historiques à El Paso, au Texas, témoignant de son héritage indélébile.

À Azemmour, une charmante réplique de mannequin, telle une poupée, repose sur une barque en bois, évoquant avec tendresse le héros Estevanico. Ce petit hommage, empreint de douceur, veille sur la ville, rappelant aux riverains et visiteurs l’histoire fascinante de l’explorateur qui a laissé une empreinte profonde dans le cœur de la cité.


Son empreinte portugaise


Au crépuscule du 15ème siècle, les Portugais, maîtres des mers, jetèrent leur dévolu sur les rivages d’Azemmour, offrant protection à la ville déjà foisonnante de vie. Vers 1486, les Zemmouris tissèrent leurs premiers liens commerciaux avec les navigateurs lusitaniens. Cependant, le refus du gouverneur Moulay Zayam de leur rendre hommage déclencha l’envoi d’une armée portugaise. La Bataille d’Azemmour, à laquelle participa le célèbre explorateur Magellan en tant que soldat, scella le destin de la cité, tombée sous le joug des colonisateurs en 1513.

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Les Portugais, en maîtres bâtisseurs, renforcèrent les murailles almohades, y insufflant une touche ibère et y adjoignant des bases à canon, vestiges encore visibles aujourd’hui. Ils s’établirent dans la kasbah, érigeant leurs propres édifices, tels que la capitainerie, siège du gouverneur portugais, récemment restaurée, l’église qui remplaça une ancienne mosquée, et la porte de la ville, aujourd’hui nommée Bab El Kasbah. En 1517, ils élevèrent une muraille séparant leur quartier résidentiel, la kasbah, du reste de la ville.

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L’occupation portugaise d’Azemmour dura 28 ans, de 1513 à 1541. Durant cette période, les colons s’approprièrent les demeures des habitants d’origine, les transformant en vergers et pâturages pour leurs bêtes. Des fouilles archéologiques menées dans cette partie de la médina ont révélé des infrastructures souterraines : des greniers et des silos à grain enfouis sous la ville, probablement utilisés pour la conservation des denrées alimentaires, notamment le blé. Certains récits évoquent l’existence d’une ville ancienne dissimulée sous l’Azemmour actuelle, mais son mystère reste entier.


Ses traditions


L’art de la broderie d’Azemmour, connu sous le nom de Ghorza, se distingue par le motif emblématique du dragon. Sauvegardée par quelques artisanes talentueuses, cette technique trouve ses racines à Assise, charmante bourgade médiévale d’Ombrie, en Italie, et continue d’orner les créations locales de sa beauté. Par ailleurs, les mélodies traditionnelles, baptisées Al Malhoun, vibrent dans les ruelles, portant des histoires et des émotions héritées de générations passées. Les traditions et les rites entourant les mariages, les baptêmes, les circoncisions et autres célébrations sociales, rythment l’existence de la communauté, reflétant la richesse et la diversité des pratiques culturelles qui s’y sont développées au fil du temps.


Une destination à part entière


Depuis Azemmour, de nombreux sites s’offrent aux visiteurs. Une balade en barque permet d’admirer le phare historique de Sidi Boubker. La plage de Haouzia constitue à elle seule, un lieu idéal pour se détendre et profiter des plaisirs du bord de mer. En poursuivant vers le sud-est, la magnifique Kasbah Boulaouane, perchée sur une colline, mérite une visite. Construite en 1710 par le sultan Moulay Ismaïl, elle témoigne de ses efforts pour ramener la paix dans cette région autrefois agitée.

La corniche du Oued Oum Rabiaâ, bordé de charmants cafés ouverts toute l’année, offre un cadre agréable pour se promener. Les propriétaires de barques proposent également des virées jusqu’au mausolée de Lalla Aicha. Le mausolée de Moulay Bouchaib Erradad, demeure un lieu de pèlerinage incontournable. Il symbolise la foi et la piété des habitants et continue d’attirer des fidèles de tout le Maroc. Enfin, le dynamisme du Parc d’exposition Mohammed VI a attiré de nouveaux visiteurs dans la région, venant s’ajouter aux golfeurs qui apprécient les parcours de Mazagan et du Royal Golf El Jadida.


Sa renaissance artistique


Aujourd’hui Azemmour est un musée à ciel ouvert. Ses fresques colorées racontent son histoire et nous invitent à nous émerveiller devant tant de créativité. Connue pour son engagement envers les arts, pendant de nombreuses années, la ville a organisé un festival d’art de rue, attirant des artistes du monde entier pour peindre les murs de la médina. Pendant la période de confinement, de jeunes locaux se sont mobilisés pour égayer les façades des maisons et préserver ainsi le cachet artistique de la ville.

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Rédactrice en Chef à Myluxurylife | kdinia@gmail.com |  Plus de publications

Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.

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