Née d’un cri des plaines, l’Aïta se situe au croisement de l’histoire et de la révolte. Portée par des figures comme Kharboucha et des styles qui traversent le temps, elle résonne encore, racontant des histoires d’amour, de lutte et de liberté. Plongez dans cet art intemporel où la poésie devient une arme et la mélodie, un témoignage.
Dans les plaines et les montagnes du Maroc, l’Aïta résonne comme un appel, une poésie chantée. Ce genre musical, né au XIIe siècle sous la dynastie Almohade, tire ses racines des tribus arabes, notamment les Banu Hilal, Riyah, et Zaghba. Loin d’être un simple divertissement, l’Aïta incarne une mémoire vivante, une chronique sociale portée par des voix qui vibrent d’émotion et de révolte.
Kharboucha, la voix de la résistance
Impossible d’évoquer l’Aïta sans raconter la légende de Kharboucha, femme rebelle au destin tragique. Issue de la tribu des Ouled Zaid à l’époque du Protectorat, elle subit la tyrannie du Caïd Aïssa Ben Omar, un homme cruel qui imposait la loi coloniale avec une brutalité sans borne. Face aux massacres, aux pillages, et à la souffrance de son peuple, Kharboucha trouva refuge dans les mots et les mélodies.
Lors des moussems, ces rassemblements festifs et spirituels, elle chantait des poèmes satiriques et poignants qui dénonçaient le Caïd et appelaient les villageois à se soulever. Ses textes, où elle le qualifiait de « mangeur de charognes » et « tueur d’oncles », devinrent le souffle d’une révolte populaire. Malheureusement, son courage lui coûta la vie : capturée et torturée par le Caïd, Kharboucha devint une martyre. Mais son esprit perdure, gravé dans la mémoire collective et les chants de l’Aïta.
L’Aïta, une mélodie d’hier qui résonne aujourd’hui
L’Aïta s’est déclinée en plusieurs styles régionaux, chacun reflétant les spécificités culturelles de son terroir. Parmi eux, la Aïta Marsaouia de la région Chaouia et de la côte atlantique se distingue par sa force narrative et ses rythmes envoutants.
Des artistes comme les Ouled Bouaazzaoui ont su perpétuer cet art, le faisant évoluer tout en restant fidèles à son essence. Cette troupe emblématique, originaire de Casablanca, incarne l’histoire vivante de l’Aïta. Les frères Bouaazzaoui, issus d’une famille où la musique était un héritage familial, ont transformé leur passion en un art universel, reconnu sur les scènes nationales et internationales.
La Aïta n’est pas qu’un chant ancien
À travers des textes qui s’inspirent de la vie quotidienne, des luttes sociales et des joies simples, elle rappelle que la culture est un miroir de l’âme collective. Chaque note, chaque mot, est un appel à l’amour, à la mémoire, ou à la justice. Ainsi, l’Aïta demeure un trésor vivant, un cri qui traverse les siècles pour raconter l’histoire d’un peuple et ses aspirations.
Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.
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