Quand Nabil Ayouch a présenté Everybody Loves Touda au FIFM, j’ai tout de suite été intriguée. Les Cheikhat, l’Aïta, un hommage à ces femmes souvent marginalisées… Prometteur, non ? Pourtant, après avoir vu le film, une question s’impose : TOUT LE MONDE AIME (vraiment) TOUDA ?
Attention : Cet article contient des éléments de l’intrigue de Everybody Loves Touda. Si vous souhaitez découvrir le film sans aucun spoiler, nous vous conseillons de le lire après votre séance.
Dans le rôle principal, Nisrin Erradi livre une performance sincère. Elle incarne une femme courageuse, malmenée par la vie, mais résolument digne. En revanche, son allure – trop fine, très rock – détonne face à l’image que l’on associe habituellement aux Cheikhat. Côté dialogue, il manque cette musicalité brute, ce fameux « galiya, goutlik« , qui porte toute l’empreinte de leurs régions et de leur art. Pas une question de talent, non, mais une question d’authenticité.
Et l’Aïta ? Parlons-en !
Cet art poétique chargé d’histoire, ce souffle de résistance né au cœur des plaines marocaines, aurait dû être le cœur battant du film. Une citation en ouverture évoque son origine, mais cela reste superficiel. Où sont les faits historiques ? Pourquoi aucune référence à Kharboucha, cette figure emblématique et ses chants rebelles contre l’oppression ? L’Aïta, avec toute sa profondeur, est noyée dans un univers chaâbi, festif, qui ne rend pas justice à sa gravité et à son essence. Ce patrimoine si riche méritait un traitement à la hauteur de sa puissance.
Dès le début, Nabil aborde des sujets essentiels. Prenons cette longue scène de viol : elle est marquante et porte un poids narratif évident, car Touda a un fils. Mais pourquoi ce silence ensuite ? Pourquoi cette impunité ? Cela donne l’impression d’une fatalité acceptée et c’est là que ça coince. Touda, avec sa force et sa dignité, incarne tout sauf la résignation. Ce choix narratif contraste avec son caractère et laisse le spectateur perplexe face à une réalité qui ne devrait jamais être banalisée.
Côté technique, difficile de critiquer. Les images sont belles, les cadrages impeccables, mais le rythme… trop lent. Certaines scènes s’étirent au point de nous faire décrocher, diluant ainsi l’impact des moments forts. Alors, Everybody Loves Touda ? Pour un public étranger, peu familier de l’Aïta et des Cheikhat, le film peut sembler fascinant, une porte d’entrée vers une culture méconnue. Mais pour nous, Marocains, qui connaissons la richesse et la puissance de ce patrimoine, le résultat laisse un goût d’inachevé.
Nabil Ayouch voulait redonner leurs lettres de noblesse aux Cheikhat. L’intention est noble, mais l’exécution peine à convaincre. Cela dit, le film représentera le Maroc aux Oscars. Une reconnaissance qui mérite d’être saluée. Et vous alors , Everybody Loves Touda ? Vous seul(e)s pourrez y répondre.

Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.
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