Depuis des siècles, les murs de l’Alhambra chuchotent Wa la ghaliba illa Allah. Gravée plus de 5000 fois sur la pierre, cette inscription cache un mythe qui mérite d’être exploré.
Bien que de nombreuses figures littéraires aient célébré Grenade, ni Chateaubriand, ni Maalouf ne se sont jamais interrogés sur la célèbre inscription Wa la ghaliba illa Allah1 qui orne l’Alhambra. De son côté, Hassan Al Wazzan, dit Léon l’Africain, n’en parle pas non plus dans ses œuvres et les guides touristiques mentionnent rarement ce détail. Étonnamment, c’est Washington Irving, auteur et diplomate américain qui, lors d’un long séjour à l’Alhambra en 1829, apporte un début d’explication dans son livre « Tales of the Alhambra ». Il retrace la l’origine de cette devise en s’appuyant sur des documents d’archives, découverts à Grenade après 1492.
La devise des Nasrides sous la loupe
Gravée plus de 5000 fois sur la pierre et contrairement à ce que l’on pourrait croire, Wa la ghaliba illa Allah ne figure pas dans le Coran. Cette expression servit d’abord de devise aux Almohades avant de devenir emblématique dans la bouche du souverain Nasride, Mohammed Ier Al-Ghâlib Ibn Al-Ahmar.
Si les historiens occidentaux y voient encore un symbole de domination sur les Arabo-musulmans, avec autant de répétitions, se pourrait-il que cette phrase cache quelque chose de plus profond ?
Une alliance controversée
Dans le lointain village d’Arjona en Andalousie, un homme nommé Mohamed Ibn Al-Ahmar fut couronné roi de Grenade en 1238, ouvrant ainsi le chapitre de la dynastie Nasride. Sous sa vision, la forteresse de Grenade se métamorphosa en l’Alhambra. .
Cependant, l’année 1248 marqua une période de grand tumulte en Ibérie. Face aux incessantes convulsions politiques, Mohamed Ibn Al-Ahmar s’allia avec Ferdinand de Castille pour le siège de Séville, se positionnant contre ses frères musulmans. Cet acte, né d’une stratégie de survie dans un monde en perpétuel changement, planta les graines du conflit et de la controverse.
De retour sur ses terres, la ville qui autrefois l’avait célébré, alla à sa rencontre avec une dualité frappante. Ce jour là, les rues résonnaient d’une cacophonie étrange. Certains huaient sa trahison tandis que d’autres le saluaient comme Al Ghalib2. Au milieu de ce tumulte, Mohamed, secoua la tête en proclamant Wa la ghaliba illa Allah. Cette phrase, loin d’être une proclamation de victoire, ressemblait plus à un aveu de soumission.
Une autre perspective
Mais au-delà de ce récit traditionnel, une autre version de l’histoire de Mohamed Ibn Al-Ahmar émerge, offrant un éclairage nouveau dans ce récit. Dans la tradition d’al-Andalous et du Maroc, un roi victorieux est appelé Al Mansour et non Al Ghalib. En soi, l’utilisation de ce terme soulève des questions sur l’authenticité de cette version. En outre, si Ibn Al-Ahmar avait réellement regretté son combat contre les musulmans à Séville, pourquoi aurait-il gravé un acte de trahison plus de 5000 fois sur les murs de son palais, laissant une telle empreinte pour les générations futures ?
L’interprétation ultime
L’histoire de Mohamed Ibn Al-Ahmar, combattant aux côtés de Ferdinand de Castille contre d’autres musulmans, pose effectivement la question d’une possible trahison. Mais si lui ou ses successeurs continuèrent à graver plus de 5000 fois « Wa la ghaliba illa Allah », une telle répétition nous conduit à penser que cette inscription dans la pierre suggère que la victoire divine a finalement prévalu, puisque Grenade est demeurée sous l’emprise du royaume arabo-musulman plus de deux siècles après cette bataille en traitre.
Une victoire gravée dans le temps
Connaître la date précise de cette devise aiderait à mieux comprendre le contexte et l’intention. Néanmoins, quelles que soient les circonstances de leur création, pour nous, les générations futures, ces 5000 « Wa la ghaliba illa Allah » ancrés dans l’architecture de l’Alhambra, nous connectent directement à notre histoire, renforçant notre identité culturelle et symbolisant la force de notre foi qui perdure au delà de ces conflits, du temps et des changements.
Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.
Des pépites dans votre boîte mail
Pour vivre votre meilleure vie, Inscrivez-vous à notre newsletter
Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.