Voyageons en 1575. Au cœur de la vallée du Drâa, la zaouia Naciria voit le jour avec Cheikh Abou Hafs Omar Ben Ahmed Al Ansari. En 1674, Cheikh Sidi M’hammad Ben Nacer transforme le modeste sanctuaire en un phare de connaissance. Découvrez avec nous l’histoire de cette bibliothèque devenue un trésor au fil des siècles.
Au cœur de la vallée de Drâa, non loin de Zagora, se trouve la légendaire zaouia Nacéria Jaafaria Zainabia Chadilia. Ses racines remontent à 1575, lorsque le sage Cheikh Abou Hafs Omar Ben Ahmed Al Ansari, notable et mystique du Drâa, s’installa à Tamgroute. Ce lieu, véritable carrefour humain, devint le foyer de sa tariqa soufie, une voie mystique basée sur la Sunna, dédiée à la diffusion des valeurs spirituelles.
L’éveil du savoir
Par une nuit étoilée de l’an 1674, sous la lumière vacillante d’une lampe à huile, Cheikh Mohamed Ben Nacer, un homme au regard perçant et à la barbe grisonnante, méditait sur l’avenir de sa communauté. Fort de sa réputation d’érudit, il avait parcouru le Maroc, captivant les esprits et semant les graines du savoir. Sa décision était prise : il fonderait une zaouia à Tamgroute, un temple de paix et de réflexion, où les âmes en quête de connaissance pourraient s’épanouir.
Au fil des années, la renommée de la zaouia Nacériya se répandit comme une traînée de poudre. Des jeunes hommes, sacs de livres en bandoulière, affluèrent de tout le royaume pour étudier sous la houlette de ce maître vénéré. Parmi eux, certains devinrent des figures incontournables du savoir, renforçant la réputation de la zaouia.
La lumière de la connaissance
Surnommé le « faucon des livres », Cheikh Mohamed Ben Nacer parcourait les marchés et les bibliothèques lors de ses pèlerinages à la Mecque, ses yeux scrutant chaque étal à la recherche de manuscrits. Chaque fois qu’il dénichait un ouvrage précieux, il le découpait en livrets qu’il répartissait parmi ses disciples pour qu’ils en fassent des copies. Ainsi, le savoir circulait, se multipliait, et ne se perdait jamais.
Un jour, alors qu’il se reposait sous un dattier, entouré de ses étudiants, un disciple timide s’approcha avec un paquet enroulé dans un tissu de soie. « Maître, voici un cadeau de la part de nos frères de Marrakech, » annonça-t-il. À l’ouverture du paquet, le visage du Cheikh s’illumina. C’était une copie rare de « Ihya’ Ouloum Eddine » de Ghazali, un texte qui allait devenir l’un des joyaux de sa collection.
Les heures de gloire
Avec le temps, la bibliothèque de Tamgroute grandit en taille et en prestige. Des manuscrits précieux remplissaient ses étagères rudimentaires, transformant la zaouia en un véritable sanctuaire du savoir. Ahmed Ben Mohamed Ben Nacer, le fils du fondateur, poursuivit l’œuvre de son père avec une passion égale. En 1711, il fit venir des artisans de Fès pour embellir la bibliothèque, la dotant de pavillons dédiés à différentes disciplines.
Sous sa direction, la zaouia prospéra. Des érudits renommés affluèrent pour enseigner et débattre, tandis que des étudiants de toutes les régions du Maroc venaient s’abreuver de connaissances. La bibliothèque devint un lieu de pèlerinage intellectuel, où les idées s’échangeaient aussi librement que les marchandises sur les marchés de Marrakech.
Déclin et renaissance
Les siècles passèrent, et la bibliothèque de Tamgroute connut des hauts et des bas. Lors de sa visite en 1904-1905, le Marquis de Segonzac, un explorateur français, nota avec tristesse la dégradation de ce trésor de connaissances. Les livres étaient vendus à vil prix, et beaucoup d’œuvres précieuses se perdirent.
Pourtant, l’esprit de la zaouia Naciria ne s’éteignit jamais. Aujourd’hui encore, malgré les défis, la bibliothèque de Tamgroute abrite plus de 4 000 manuscrits, témoins silencieux de son passé glorieux. Ces textes couvrent des domaines aussi variés que la jurisprudence musulmane, le soufisme, la grammaire, et même les mathématiques et la médecine.
Un héritage à portée de mains
Malgré les aléas du temps, aujourd’hui, nous pouvons encore admirer l’ampleur de ce patrimoine inestimable. La bibliothèque de Tamgroute demeure comme un symbole de l’éclat intellectuel et spirituel du Maroc. Elle rappelle à chaque génération l’importance de préserver et de transmettre le savoir, pour que les lumières de la connaissance continuent de briller dans le temps.
Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.
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