Nous sommes le 6 novembre 1975. Dès l’aube, 350 000 Marocains, unis par la foi et la détermination, se lancent dans une Marche Verte pour la reconquête pacifique d’une terre jamais oubliée.
Coran en main et chansons en choeur résonnent sur la route. Hommes, femmes et enfants, avancent vers un moment historique. L’effervescence est palpable et la logistique, immense. Trains, avions et navires se mobilisent pour apporter les vivres nécessaires à une Marche Verte, minutieusement orchestrée pour que ce voyage devienne une démonstration de paix et de force.
Le travail diplomatique en amont
Conscient de la complexité de la question du Sahara, S.M. le Roi Hassan II avait commencé à préparer le terrain diplomatique. Depuis des décennies, le Sahara était sous administration espagnole. Affaibli par la fin du régime franquiste, le pays tardait à faire avancer les discussions sur la rétrocession du territoire. En parallèle, l’Algérie qui n’a acquis son indépendance qu’en 1962, n’avait aucun lien historique avec le Sahara marocain mais pour s’offrir un accès sur l’Atlantique, elle s’ingérerait en soutenant des mouvements sécessionnistes. En conséquence, il devenait clair que la situation allait exiger une réponse forte face à des manœuvres dénuées de toute légitimité.
Face à cet attentisme latent, le Roi Hassan II prit une décision capitale. En septembre 1974, il saisit la Cour Internationale de Justice (CIJ) et inscrit le Sahara sur la liste des territoires à décoloniser auprès de l’ONU. En octobre 1975, la CIJ rend un avis qui conforte les revendications marocaines, reconnaissant l’existence de liens spirituels et politiques entre le roi du Maroc et les tribus du Sahara. Cette reconnaissance de taille sur la scène internationale apportait donc toute sa légitimité à l’organisation d’une marche qui unirait les marocains dans la revendication de leur territoire.
L’annonce de la Marche Verte
Marrakech, le 15 octobre 1975. S.M le Roi Hassan II prononce un discours historique1. Il annonce au monde que le Maroc organisera une marche pacifique vers le Sahara. Quelques jours plus tard, la Marche Verte devient la plus belle des réponses face à l’attentisme espagnol et aux ingérences algériennes.
Demain, tu franchiras la frontière. Demain, tu entameras ta Marche. Demain, tu fouleras une terre qui est tienne .Tu palperas des sables qui sont tiens. Demain, tu embrasseras un sol qui fait partie intégrale de ton cher pays.
S.M. le Roi Hassan II
Un message au monde
Le 6 novembre, nous avançons avec foi et détermination. Notre Marche Verte est un acte souverain, une parade audacieuse contre des décennies de stagnation sur la question du Sahara. Cette mobilisation impressionne le monde entier. La presse internationale diffuse les images de cette marche pacifique, capturant toute la puissance d’un peuple uni.
Trois jours plus tard, le Roi Hassan II demande à son peuple de s’arrêter aux portes du Sahara, face aux soldats espagnols. Quelques jours plus tard, le 14 novembre, les Accords de Madrid sont signés, officialisant le retour du Sahara dans le giron marocain. Cette victoire scelle l’intégrité territoriale du Maroc et marque la fin d’années d’incertitude.
Près de cinq décennies plus tard, la Marche Verte reste gravée dans nos mémoires comme l’une des Grandes Pages de notre histoire, une des mobilisations pacifique2 qui a marqué le monde. Cet héritage que nous portons en nous, nous le transmettons à nos enfants, comme un acte de courage qui continue de vivre dans le cœur de chaque marocain.
Le Maroc restera dans son Sahara et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu’à la fin des temps.
S.M. le Roi Mohammed VI
- Traduction du discours royal . ↩︎
- Dans l’esprit de la Marche du Sel de Gandhi au mouvement pour les droits civiques de Martin Luther King, la Marche Verte reste un modèle d’émancipation par la paix et la dignité. ↩︎
Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.
