Pour contrebalancer l’influence grandissante du pèlerinage des sept saints des Regraga, le Sultan Moulay Ismaïl (1672-1727) prit la décision de créer un nouveau pèlerinage à Marrakech.
Dans l’arrière-pays d’Essaouira, se trouvaient les tombeaux de Sept Saints fondateurs de la confrérie des Chiadma. Leur pèlerinage qui connaissait un énorme succès à l’époque des premiers sultans alaouites, détournait une grande partie des pèlerins venant du Haut-Atlas. Pour le Sultan Moulay Ismaïl, ce pèlerinage avait un double inconvénient : d’une part, il déplaçait l’activité économique vers Essaouira et d’autre part, il empêchait les pèlerins de constater sa puissance manifestée à Marrakech.
Ainsi, le sultan décida de créer un pèlerinage équivalent, voir supérieur à celui des Regraga. Sauf que Marrakech ne manquait pas de Saints et parmi les 300 noms de Saints magnifiquement calligraphiés dans la Medersa Ben Youssef, il avait l’embarras du choix ! Le Sultan a donc décidé de n’en retenir que Sept car ce nombre avait une forte valeur symbolique et religieuse, notamment chez les berbères, mais aussi autour de la Méditerranée et dans les civilisations agraires, rythmées sur les quartiers de lune et les jours de la semaine.
Dans le but de disposer de plusieurs lieux de pèlerinage dans la Médina de Marrakech, le Sultan Moulay Ismaïl confia l’institution du pèlerinage au savant El Hassan El Youssi, formé à la Médersa de Tafraoute (1630-1691). Ce dernier choisit sept saints qui sont devenus les Sebâatou Rijals (7 saints) et dont les noms sont devenus aussi célèbres que la ville de Marrakech elle-même.
Sidi Youssef Ben Ali
Appelé également Abou Yaakoub Youssef ben Ali, Sidi Youssef Ben Ali est d’origine Yéménite. Il fut le disciple du Cheikh Abou Asfour. Atteint de lèpre, malgré ses souffrances, il garda une immense foi en Dieu jusqu’à sa mort. Sidi Youssef Ben Ali est mort en 1196 (593 de l’Hégire). Il est enterré à Bab Aghmat.
Cadi Ayyad Ben Moussa
Connu aussi sous le nom de Abou Al Fadl Ayyad Ben Moussa Ben Ayyad Al Yahsob ou encore Cadi de Grenade, il est d’origine yéménite. Élève de l’imam Abou Al Walid Ibn Rochd, il devient le plus célèbre des doctes du malékisme en Occident musulman. Son amour pour le Prophète exprimé à travers son ouvrage « Al-Chifaa » et sa rigueur orthodoxe lui ont valu son titre de Saint Homme. Mort en 1149 (544 de l’Hégire), il est enterré près de Bab Aïlen.
Sidi Bel Abbes Sebti
Appelé Abou el Abbas Ahmed ben Jaafar el Khazraji et originaire de Sebta, il fut l’élève de de Cadi Ayyad. Sidi Bel Abbas se lia aussi d’une grande amitié avec Averroès (Ibn Rochd). Son signes particulier : Durant 40 ans, il vécut dans une grotte située sur le haut d’une colline du Guéliz, sans jamais pénétrer la ville. Il passa toute sa vie à soigner les aveugles et défendre les faibles. Mort en 1205 (601 de l’Hégire), il est aujourd’hui enterré au cimetière de Sidi Marouk, près de Bab Taghzout.
Sidi Ben Slimane Al Jazouli
Ou encore Sidi Mohammed ben Slimane ben Said al Jazouli est orignaire du Souss. Il fut inscrit à la Médersa Essaffarine de Fès où il excellait dans les hadiths. il est le fondateur du soufisme au Maroc et l’auteur du célèbre recueil de prières «Dala’il al-Khayrat». Sidi Ben Slimane a également œuvré en vue d’une mobilisation contre l’invasion ibérique. Il rendit l’âme durant sa prière, en 1465 (870 de l’Hégire). Le Saint Homme est enterré à la Zaouïa Jazoulia, au nord de la médina, à proximité de Dar-el-Glaoui.
Sidi Abdelaziz Tebbaâ, le guérisseur
Connu aussi sous le nom de Abou Fares Abdelaziz, ce Marchand de soie est originaire de Fès. Principal disciple de Sidi Ben Slimane Al Jazouli, il propagea l’éthique soufie dans les corporations d’artisans. Mort en 1508 (914 de l’Hégire), il est enterré non loin de la Mosquée Ben Youssef.
Sidi Abdellah El Ghazouani
Appelé Moul El Ksour, Sidi Abdellah El Ghazouani est originaire de la tribu Ghazouane. Après avoir poursuivi ses études à Fès puis à Grenade, il s’installe à Marrakech pour compléter sa formation auprès de Sidi Abdelaziz Tabaa. Jaloux de sa belle réputation auprès du peuple, le Sultan Saadéen Sidi Mohamed Cheikh l’incarcéra à Marrakech. Il ne sera libéré que des années plus tard. Mort en 1528 (934 de l’Hégire), Sidi Abdellah El Ghazouani est enterré non loin de la Mosquée Mouassine.
Imam Souheili, le poète non voyant
Communément appelé Abou el Kassim Ben Redouane Ben Fattouh Souhaili, il puise ses origines près de Malaga, en Espagne. Ramené au Maroc par Yacoub El Mansour, Il devient célèbre grâce à sa poésie soufie et son ouverture d’esprit dans un temps de forte censure religieuse. Les étudiants ayant des troubles de mémoire se recueillent souvent sur sa tombe. Il a rédigé deux chefs-d’œuvre : un sur les noms propres des prophètes cités dans le Coran et l’autre sur la biographie de Sidna Mohammed (SAS). Mort en 1186 (582 de l’Hégire), il est enterré près de Bab Robb.
Le pèlerinage se fait suivant un parcours circulaire, tout comme la circonvolution autour de la Kaaba. Le circuit emprunte une route immuable, du sud-est au sud-ouest de la médina, en passant par le nord. Il démarre le mardi pour s’achever le lundi et chaque journée est consacrée à un Saint. Ainsi, la ziara s’effectue dans l’ordre suivant ; Mardi Sidi Youssef Ben Ali. Mercredi Cadi Ayyad. Jeudi Sidi Bel Abbès. Vendredi Sidi Ben Slimane. Samedi Sidi Abdelaziz Tebbaâ. Dimanche Sidi Abdellah El Ghazouani et Lundi Imam Souheili.
Né à Agadir en 1968, Rachid est un architecte qui a beaucoup écrit sur l’urbanisme et l’architecture. Mais sa passion pour l’écriture et son esprit d’analyse lui ont valu d’être publié dans plusieurs médias tels que le Maroc-Diplomatique, L’Économiste, La Vie Économique, Maroc-Hebdo, Aujourd’hui le Maroc ou encore la Revue Marocaine des Sciences Politiques. Son autre passion ? Raconter l’histoire du Maroc… et la partager… avec nous.
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