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KAN YAMA KAN LES HÉROS FONDATEURS DES IDRISSIDES

KAN YAMA KAN LES HÉROS FONDATEURS DES IDRISSIDES

KAN YAMA KAN, MOULAY IDRISS IER LE HÉROS FONDATEUR DES IDRISSIDES
Photo EDITO DIDIJE KAN YAMA KAN LES HÉROS FONDATEURS DES IDRISSIDES
Rédactrice en Chef à Myluxurylife | kdinia@gmail.com | Plus de publications

Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.


Au Maroc, la dynastie des Idrissides résonne encore comme une époque de foi, de connaissances et de grandeur. Au cœur de cette saga se trouvent les récits de ses héros fondateurs, Idriss Ier et Idriss II


Au VIIIe siècle, dans un coin de l’Afrique du Nord baigné de lumière dorée, émergea une dynastie qui allait changer le cours de l’histoire. Les Idrissides, une dynastie dont le nom résonne encore aujourd’hui au Maroc. Au cœur de cette saga se trouve le magnifique récit de Moulay Idriss, un homme dont la vision et la piété allaient façonner à jamais le Maroc.


Le Voyage de Moulay Idriss Ier


Idriss ibn Abdullah, plus connu sous le nom d’Idriss Ier, est né à Médine en tant que descendant direct du Prophète Muhammad (صلى الله عليه وسلم), conférant ainsi à sa lignée une aura de sainteté. Après de nombreuses années de voyage, il choisit de traverser les montagnes de l’Atlas pour explorer la région du Maghreb, une zone à la fois mystérieuse et pleine de promesses. Cette histoire extraordinaire débute en 789 et nous mènera dans ce qui deviendra plus tard, le Maroc moderne.

Un jour, se trouvant sur l’emplacement de la ville qu’il voulait bâtir, l’imam Idriss était occupé à en tracer les contours, lorsque arriva vers lui un vieux solitaire chrétien, qui paraissait bien avoir cent cinquante ans et qui passait sa vie en prières dans un ermitage situé non loin de cet endroit. « Que le salut soit sur toi ! dit le solitaire en s’arrêtant ; réponds, émir, que viens-tu faire entre ces deux montagnes ? – Je viens, répondit Idriss, élever une ville où je demeurerai et où demeureront mes enfants après moi, une ville où le Dieu Très-Haut sera adoré, où son Livre sera lu et où l’on suivra ses lois et sa religion ! – Si cela est, émir, j’ai une bonne nouvelle à te donner. – Qu’est-ce donc, ermite ? – Écoute. Le vieux solitaire chrétien qui priait avant moi dans ces lieux et qui est mort depuis cent ans m’a dit avoir trouvé dans le livre de la science qu’il exista ici une ville nommée Fès qui fut détruite il y a dix-sept cents ans, mais qu’un jour il viendrait un homme appartenant à la famille des prophètes, qui rebâtirait cette ville, relèverait ses établissements et y ferait revivre une population nombreuse ; que cet homme se nommerait Idris ; que ses actions seraient grandes et son pouvoir célèbre et qu’il apporterait en ce lieu l’islam qui y demeurerait jusqu’au dernier jour. – Loué soit Dieu ! Je suis cet Idriss, s’écria l’imam, et il commença à creuser les fondations.

Rawḍ al-Qirṭas, d’Ibn Abi Zar

Idriss Ier choisit Zerhoun comme berceau de son futur empire. Il y trouva une région fragmentée en plusieurs tribus berbères indépendantes, créant un patchwork de diversités et de rivalités. Cependant, Moulay Idriss Ier avait une vision audacieuse ; unir ces tribus berbères sous une seule bannière. Un défi monumental qui ne fit que renforcer sa détermination. Par le biais de diplomatie, de charisme et de sagesse, il forgea des alliances et gagna la confiance des chefs tribaux.

En établissant la ville, il introduisit l’islam au cœur des Berbères, éclairant ainsi la mosaïque tribale du Maroc avec une nouvelle foi. Cette période marqua l’aube d’une ère inédite. Toutefois, le règne d’Idriss Ier fut bref. En 791, il fut empoisonné par un kharijite agissant sous les ordres du calife Haroun Rachid.


La naissance d’un souverain


Après que son mari l’ait laissée enceinte de sept mois, Kenza, sa femme berbère, mit au monde un héritier, qui plus tard, sera connu sous le nom de Idriss II ou Moulay Idriss Al-Azhar ou encore, Al Anwar. Sous l’égide de Rashid, le serviteur dévoué de son défunt père, l’enfant fut formé aux enseignements de l’islam et aux techniques militaires.

Rashid s’occupa de lui jusqu’à ce qu’il grandit. Il l’éduqua et lui apprit le Coran, qu’il arriva à mémoriser à l’âge de huit ans. Puis il lui enseigna la Sunna, la jurisprudence, la grammaire, les hadiths, la poésie ainsi que les contes et les sentences des Arabes. Il lui apprit également l’histoire des rois, de leurs règnes et l’entraîna dans l’art chevaleresque, le tir à l’arc et la tactique de guerre. Idris II excella dans tout cela, alors qu’il n’avait que dix ou onze ans (source Azhar). Proclamé imam, il parvint rapidement à s’établir comme le successeur légitime de son père. Sa générosité d’esprit et sa simplicité de vie sont celles qui définissent traditionnellement les Ahl al-Bayt et, par extension, les figures saintes. Il pratiqua le renoncement, l’abstinence, la magnanimité, le pardon, la bonté et la libéralité, fut doté de la rectitude, gratifié du triomphe et rayonna de splendeur. Parmi les signes de son renoncement est le fait que malgré l’immensité de son royaume il ne prit qu’une petite demeure pour lui et sa famille.

C’est ainsi qu’Idriss II joua un rôle clé dans le renforcement du royaume Idrisside et l’unification des tribus locales. Le géographe andalou al-Bakrī, décédé en 1091, rapporte une anecdote qui offre un aperçu exceptionnel de la représentation sainte et vénérée du fondateur de Fès.

Je me trouvais au Maghreb avec Idriss II, et je l’accompagnai dans une expédition contre les Kharidjites. Les ayant enfin rencontrés, il leur livra bataille, bien que leur armée fut trois fois plus nombreuse que la sienne. On se battit avec un acharnement extrême, et ce jour-là je ressentis une telle admiration pour Idriss que j’avais toujours les yeux fixés sur lui. (..).

W. McGuckin de Slane, Description de l’Afrique septentrionale par Abou-Obeïd El-Bekri, Paris, Libra

Fès : la ville des mille rêves


En accueillant des émigrés venus d’Andalousie et de Kairouan, la cité de Volubilis devint rapidement surpeuplée. Face à cette situation, Idriss II décida de fonder la ville de Fès. Tout comme celle de nombreux autres lieux sacrés, la création de Fès est basée sur une « charte » qui trouve ses origines dans l’islam. Une charte similaire au rituel de fondation décrit dans le Coran, où l’invocation d’Abraham lors de la reconstruction de la Mecque est un exemple célèbre. En faisant cette invocation, la fondation de la ville est dédiée à Dieu.

Ô mon Dieu ! Tu sais que ce n’est point par vanité, ni par orgueil ou pour acquérir des grandeurs et de la renommée que je viens d’élever cette ville ! Je l’ai bâtie, Seigneur, afin que, tant que durera le monde, Tu y sois adoré, que Ton livre y soit lu et qu’on y suive Tes lois, Ta religion et la Sunna de notre seigneur Muḥammed (que Dieu le comble de bénédictions !). Ô mon Dieu ! Protège ses habitants et ceux qui viendront après eux, défends-les contre leurs ennemis, dispense-leur les choses nécessaires à la vie, détourne d’eux le glaive des malheurs et des discussions, car Tu es puissant sur toutes choses

Qirṭās

Ainsi, la nouvelle cité émergea tel un sanctuaire de la connaissance, un lieu où les arts, la science et la foi prospéraient en harmonie, où les esprits érudits se réunissaient pour échanger des idées, explorer les sciences et approfondir leur foi.

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C’était une époque où les enseignants et les étudiants se pressaient dans les ruelles étroites de la médina, partageant des trésors de sagesse qui allaient bien au-delà des frontières géographiques.


L’unification du Maroc


Souvent célébré pour ses réalisations architecturales et spirituelles, Idriss II, s’est également révélé être un leader politique exceptionnel. Un État centralisé commença à émerger avec l’établissement de lois et de règles applicables à l’ensemble du territoire. Cet acte marqua la naissance d’un gouvernement central au Maroc, mais surtout, un sentiment d’unité et d’identité nationale parmi les Marocains.

Le leadership visionnaire de Idriss II consolida son pouvoir, mais transforma également la diversité des tribus berbères en une source de force et de richesse culturelle, qui, à nos jours, continue d’enrichir le Maroc, faisant de cette unité le pilier essentiel de la culture et de l’histoire marocaine.


La coexistence de l’art, de la science et de la foi


Ce qui rend la période Idrisside si fascinante, c’est aussi la façon dont elle a réussi à créer une symbiose harmonieuse entre l’art, la science et la foi. Les bâtiments majestueux, tout en servant de lieux de prière, étaient aussi des chefs-d’œuvres architecturaux qui inspiraient et élevaient l’âme. L’art de l’époque était imprégné de spiritualité, et la science était perçue comme un moyen de mieux comprendre la création divine.


Le mausolée de l’espoir


Décédé de manière inattendue à l’âge de trente-six ans, Idriss II devint une figure emblématique dans la tradition soufie. Le récit de sa vie et de son héritage est parsemé de faits extraordinaires. Parmi ceux-ci, la découverte miraculeuse de son corps parfaitement préservé, cinq siècles après sa mort. Un phénomène que l’on associe généralement aux corps des prophètes et martyrs dans l’Islam. Son mausolée à Fès est un lieu de pèlerinage pour des milliers de fidèles tout comme il rappelle la puissance d’un homme dont la foi a laissé une empreinte indélébile. Ses murs résonnent des murmures de prières et chants de dévotion, créant une atmosphère empreinte de spiritualité.

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Au-delà de sa signification religieuse, le mausolée de Moulay Idriss est également un élément clé du patrimoine culturel et historique du Maroc. Son architecture reflète l’esthétique de l’époque Idrisside et offre un aperçu de l’art et de l’artisanat de cette période. Il est un trésor culturel qui rappelle l’importance de préserver le passé pour les générations futures.


La succession


Les enfants d’Idris II continuèrent l’œuvre de leur père en répandant l’islam au Maroc. Kenza, leur grand-mère, les encouragea à diviser le royaume entre eux. Ainsi, Muḥammad b. Idris, qui régna de 828 à 836, prit le contrôle de Fès et dirigea la politique de la dynastie. Il était vu comme un digne successeur de son père et l’ancêtre des familles Ouazzani et Kettani.

Durant le règne de son petit-fils Yaḥia (848-863), deux figures importantes émergèrent, enrichissant l’idéal de sainteté de cette époque : les sœurs Maryam et Faṭima al-Fihrī al-Qarawī. Natives de Kairouan, ces riches héritières décidèrent d’utiliser leur fortune pour le bien de la communauté en fondant la mosquée universitaire Al-Qarawiyyin. Elle est aujourd’hui reconnue comme la plus ancienne université en activité au monde et son rayonnement intellectuel perdure jusqu’à nos jours.


Fès, symbole de l’érudition


Les écoles et les universités florissantes de Fès attiraient des penseurs, des philosophes et des scientifiques de tout le monde musulman. Là, les manuscrits anciens furent traduits, des découvertes médicales furent faites, et l’astronomie fut étudiée sous les étoiles scintillantes du ciel nocturne.

Construite au VIIIe siècle, la mosquée de Moulay Idriss est un chef-d’œuvre d’élégance et de simplicité. Son architecture reflète la philosophie des Idrissides, qui prônaient l’harmonie entre la spiritualité et l’esthétique. Les murs en pierre et en brique, les arches élégantes et les détails ornementaux subtils confèrent à la mosquée une présence majestueuse, tout en conservant une simplicité qui inspire la réflexion et la méditation.

Fès, histoire des Idrissides, mosquée Moulay Idriss

Les motifs géométriques, les calligraphies arabesques et les jeux de lumière à travers les fenêtres ajoutent au caractère esthétique de l’endroit, créant une atmosphère propice à la contemplation. Elle est un exemple exceptionnel de l’architecture islamique de cette époque et continue d’inspirer architectes et artistes à travers les siècles. Sa préservation soigneuse par les autorités témoigne de son importance culturelle et historique. Cet héritage artistique rappelle au monde que la religion et la beauté peuvent coexister harmonieusement pour inspirer et élever l’âme humaine.


Un héritage éternel


Avec Moulay Idriss Ier et Idriss II, la dynastie des Idrissides a laissé un legs d’une inestimable richesse au Maroc. Ella a semé les graines de la foi, de la culture et de la civilisation, qui continuent de fleurir aujourd’hui. Dans le scintillement de ce passé, nous pouvons encore percevoir le souffle de ces hommes qui ont transformé le Maroc en un joyau de la civilisation. L’histoire des Idrissides résonne encore comme un rappel de la grandeur de l’âme humaine et de la puissance de la foi. I

Fès, histoire des Idrissides

Pour approfondir la compréhension de l’histoire des Idrissides, des sources incontournables incluent le ‘Kitāb al-Masābīh’ de Tabari, les œuvres d’Ibn al-Faqīh al-Hamadāni, les écrits d’Ahmad ibn Sahl ar-Rāzi et d’aAl-Bekri, ainsi que le ‘Rawd al-Qirtās’ d’Ibn Abī Zar‘. Ces textes offrent une perspective riche et diversifiée sur la dynastie et son héritage.

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