On se plaint de Casablanca, de son côté étouffant, de son rythme effréné, et de son désordre incessant mais Casablanca a ce je-ne-sais-quoi qui la rend attachante, vibrante, irremplaçable. Peut-être son histoire ?
Les Casablancais sont eux-mêmes le reflet de cette ville : fiers et résiliants, ils naviguent dans cet environnement complexe avec une adaptabilité remarquable. On aime cette ville pour son énergie inépuisable, son esprit indomptable, et en même temps, on la déteste pour son chaos et son manque parfois criant d’organisation. Cette dualité, cette bataille entre admiration et frustration, n’est pas un phénomène moderne mais plutôt le résultat d’une longue histoire. Une histoire riche en événements, en cultures et en transformations, qui a façonné Casablanca en cette métropole captivante qu’elle est devenue aujourd’hui. Explorons les pages d’un passé peu connu et apprenons à voir Casablanca comme une ville qui ne cesse de fasciner et retenir ses habitants.
Les multiples visages de Casablanca
Plus connue sous le nom de Casablanca, cette ville historique, autrefois appelée Anfa et plus tard renommée Dar el Beida, a été habitée par les Phéniciens, les Romains et les Amazighs, et même détruite par les Portugais. Chaque ère a laissé sa marque, contribuant à l’extraordinaire renaissance d’Anfa de ses cendres pour devenir la Casablanca que nous connaissons aujourd’hui. Bien que l’origine exacte de son nom moderne ‘Casablanca’ demeure enveloppée de mystère, l’abondance de gisements préhistoriques dans la région atteste d’une présence humaine très ancienne, témoignant de sa riche histoire multiculturelle.
Origines controversées
Au 15è siècle, Hassan al-Wazzan, connu sous le nom de Léon l’Africain (1494-1555), a rapporté que Anfa aurait été fondée par les romains. Plus tard, le chroniqueur espagnol Luis del Mármol Carvajal (1524-1600) a évoqué son origine phénicienne, mais rien ne peut étayer ces deux hypothèses. On raconte aussi que les émirs des tribus des Zénata, établis à Tamesna entre le 7è et 8è siècle, bâtirent la ville d’Anfa.
A l’intérieur d’Anfa, nombreux étaient les temples, les belles boutiques, les hauts palais (…) laissés par les Portugais.
Léon l’Africain, «description de l’Afrique», début du 15è siècle
Selon l’historien et homme d’Etat Ezzayani (1734-1833), Casablanca aurait des origines berbères mais à aucun moment ce dernier ne précisa l’époque de cette fondation, et moins encore l’origine de ses sources d’information. De même, nous apprend-t’il que le conquérant Almoravide Youssef Ibn Tachfin assiégea et conquit Anfa quand, en 1068, il se heurta au mouvement hérétique berbère des Berghouata.
Du 13è au 15è siècle l’histoire raconte que les Almohades, les Mérinides, puis les Ouattasides se sont à tour de rôle, disputés Anfa, décrite alors comme un chef lieu de province. Mais peu après la décadence des Ouatassides, la ville regagna son indépendance, devenant une petite république de corsaires.
les côtes de la Grande-Bretagne, de l’Islande et de Terre-Neuve.
Ce n’est qu’au 14è et 15è siècle que le nom Anfa fit son apparition sous divers orthographes dans les premières cartographies. Tantôt appelée Niffe, Anafé, Anife, Anafa ou encore Nafé, certains y ont vu le mot arabe Anf (nez, bec, promontoire), d’autres se sont référés au mot berbère Anfa (cime, colline, sommet).
L’architecte de la nouvelle Anfa
Après la destruction de la ville par les portugais en 1468 et face aux dangers que faisaient courir les corsaires d’Anfa aux navires marchands, Anfa subit une éclipse qui dura près de 3 siècles. Elle dût attendre l’avènement du Sultan Alaouite Sidi Mohamed Ben Abdellah (1757-1790) pour renaître de ses cendres.
Il y fit construire une mosquée, une médersa, un hammam. Il la repeupla de berbères originaires de Haha (région sud d’Essaouira) et de Bouakher de Meknès. Il accorda à deux maisons espagnoles le monopole du commerce dans la région. En 1794, la ville fut baptisée Dar-El-Beïda, en référence à «la maison blanche» du gouverneur de la province des Chaouia.
Le Port de Casablanca
Fermé par Moulay Slimane suite à la rébellion des autorités de la province, ce n’est qu’en 1830 que le Sultan Moulay Abderrahmane rouvrit à nouveau le port de Casablanca au commerce européen. Au milieu du 19è siècle, une crise européenne en laine et blé a donné un nouvel essor à la ville qui accueillit des Français, Anglais et Allemands en quête de ravitaillement. Depuis et grâce à l’avènement de la navigation à vapeur, les liaisons entre Casablanca et les principaux ports européens commencèrent à se multiplier.
Nous avons 32 navires en rade, dont 6 à 8 français, il y a en ce moment un mouvement comme on n’en a encore jamais vu à Casablanca.
M. Hortus, 1856
En 1871, un vice-consul rapporta que le commerce «tend de plus en plus à se concentrer dans Casablanca, au détriment de Tanger, où nos négociants les plus sérieux ont établi le siège de leurs affaires».
Carrefour économique et aimant démographique
Au delà de l’exportation, s’ajouta également l’importation et la distribution de produits manufacturés qui entraînèrent une augmentation significative de la population. Ainsi ruraux des environs, agents du Makhzen, commerçants de Fès, Tanger et Rabat, personnel des consulats, vice- consulats, etc., affluèrent vers Casablanca.
De quelques centaines d’habitants en 1850, la ville passa à près de 8000 en 1866, dont 6000 musulmans, 1800 israélites et plus d’une centaine d’européens. Depuis une dizaine d’années Casablanca s’est complètement transformée… les huttes qui couvraient son enceinte disparaissent tous les jours pour laisser place à des maisons de pierre servant à la fois d’habitations et de dépôts.
Note d’un observateur de l’époque
Casablanca, 1906
Quand la conférence d’Algéciras attribua à la France les travaux d’aménagement du nouveau port de Casablanca, de graves incidents eurent lieu en 1907. Ces incidents donnèrent à la France l’occasion de déployer une intervention militaire qui, en 1912, déboucha sur la signature du Protectorat.
A l’aube du 20è siècle, Casablanca se confondait avec ce que l’on peut appeler aujourd’hui l’Ancienne Médina. Une ville d’une cinquantaine d’hectares, entourée d’une ceinture de remparts.
Entre 1910 et 1950
la ville entra dans une période faste avec la mise en place de grands chantiers, planification de grandes avenues, construction de grands immeubles, instauration de lignes maritimes régulières… c’est aussi la période du début de l’automobile, avec l’Euro-automobile Rallye Casablanca de 1920.
1942
Avec l’Opération Torch en 1942, ou encore le débarquement des alliés Américains en Afrique du Nord, les chefs d’états des puissances alliées (Roosevelt, Churchill, Giraud et de Gaulle) se réunirent à Anfa pour préparer la stratégie d’après-guerre. De nombreux Casablancais ayant souffert du Protectorat, de l’opération Torch et de la riposte allemande, s’enfuirent aussitôt vers l’arrière-pays.
Casablanca, l’âme de résistants
Après l’exil du Sultan Mohamed V (1953-1955) par les autorités françaises, la résistance contre le protectorat français est née à Casablanca où de nombreux militants y ont laissé la vie. Appelés fida’iyine, ils œuvrèrent inlassablement pour le rachat de l’indépendance politique du pays. Ainsi, eurent lieu de nombreuses émeutes de protestation dans l’ancienne médina, les Habous, Derb Sultan, Derb Al Kabir, etc. Cet élan nationaliste a démontré le fort attachement du peuple marocain à leur monarchie, leur nation et leur ville.
Aujourd’hui, les principales artères de la ville portent les noms de ces patriotes. D’où le boulevard Al Fida, boulevard de la Résistance ou encore le boulevard Zerktouni, qui à eux seuls, ceinturent la ville.
L’Empreinte du Passé sur le Présent
Chaque période historique a laissé son empreinte sur l’économie et la politique de Casablanca. La ville, ayant été un centre commercial crucial pendant des siècles, a vu son économie se transformer avec l’arrivée du colonialisme et, plus tard, de l’indépendance. Aujourd’hui, elle se dresse comme le cœur économique du Maroc, un hub pour les affaires et le commerce. L’influence politique de son passé colonial est encore perceptible dans ses structures administratives et dans son architecture, mélangeant style mauresque et art déco européen.
Le cœur culturel et social de Casablanca aujourd’hui
Au-delà de son riche passé, Casablanca se tient aujourd’hui comme un carrefour culturel dynamique, en pleine métamorphose. Les rues de la ville bourdonnent d’une énergie créative, où l’art moderne coexiste avec les traditions ancestrales. La scène artistique est florissante, des galeries d’art contemporain aux festivals de musique qui animent la ville, reflétant un esprit d’innovation et de renouveau.
Le contraste entre la médina historique et les quartiers modernes symbolise la rencontre entre passé et présent, tradition et modernité. Cette dualité culturelle offre une expérience unique, faisant de Casablanca une métropole incontournable du Maroc contemporain.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire. La ville est en plein chantier, témoignant de son ambition de se réinventer tout en préservant son héritage. Des projets d’urbanisme ambitieux et des initiatives culturelles sont en cours, marquant le début d’une ère nouvelle pour Casablanca, visant à enrichir sa vie urbaine tout en répondant aux défis de la modernité.
Défis et Avenir de la Métropole
Comme toute grande métropole, Casablanca fait face à des défis contemporains. L’urbanisation rapide, les questions environnementales, et les inégalités sociales sont au cœur des préoccupations actuelles. La gestion de la croissance démographique et la préservation de son patrimoine culturel tout en répondant aux besoins d’une population moderne et diversifiée sont les défis que Casablanca doit relever. Comment la ville évoluera-t-elle face à ces enjeux ? L’avenir de Casablanca dépendra de sa capacité à trouver un équilibre entre croissance et durabilité, tout en préservant son identité unique.
Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.
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Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.