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IL ÉTAIT UNE FOIS LA VILLE DE CASABLANCA
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IL ÉTAIT UNE FOIS LA VILLE DE CASABLANCA

Casablanca 1940 IL ÉTAIT UNE FOIS LA VILLE DE CASABLANCA

Plus connue sous le nom de Casablanca, habitée par les Phéniciens, les Romains et les Amazighs, détruite par les Portugais… Anfa a su renaître de ses cendres pour devenir Dar el Beida. Histoire

Bien que l’origine de son nom demeure encore mystérieuse, l’abondance de gisements préhistoriques atteste d’une implantation humaine très ancienne à Casablanca.

Au 15è siècle, Hassan al-Wazzan, plus connu sous le nom de Léon l’Africain (1494-1555), a rapporté que Anfa aurait été fondée par les romains. Plus tard, le chroniqueur espagnol Luis del Mármol Carvajal (1524-1600) a évoqué son origine phénicienne, mais rien ne peut étayer ces deux hypothèses. On raconte aussi que les émirs des tribus des Zénata, établis à Tamesna entre le 7è et 8è siècle, bâtirent la ville d’Anfa.

A l’intérieur d’Anfa, nombreux étaient les temples, les belles boutiques, les hauts palais (…) laissés par les Portugais.

Léon l’Africain, «description de l’Afrique», début du 15è siècle

Selon l’historien et homme d’Etat Ezzayani (1734-1833), Casablanca aurait des origines berbères mais à aucun moment ce dernier ne précisa l’époque de cette fondation, et moins encore l’origine de ses sources d’information. De même, nous apprend-t’il que le conquérant Almoravide Youssef Ibn Tachfin assiégea et conquit Anfa quand, en 1068, il se heurta au mouvement hérétique berbère des Berghouata.

Du 13è au 15è siècle l’histoire raconte que les Almohades, les Mérinides, puis les Ouattasides se sont à tour de rôle, disputés Anfa, décrite alors comme un chef lieu de province. Mais peu après la décadence des Ouatassides, la ville regagna son indépendance, devenant une petite république de corsaires.

Youssef Ibn Tachfine

Ce n’est qu’au 14è et 15è siècle que le nom Anfa fit son apparition sous divers orthographes dans les premières cartographies. Tantôt appelée Niffe, Anafé, Anife, Anafa ou encore Nafé, certains y ont vu le mot arabe Anf (nez, bec, promontoire), d’autres se sont référés au mot berbère Anfa (cime, colline, sommet).

Après la destruction de la ville par les portugais en 1468 et face aux dangers que faisaient courir les corsaires d’Anfa aux navires marchands, Anfa subit une éclipse qui dura près de 3 siècles. Elle dût attendre l’avènement du Sultan Alaouite Sidi Mohamed Ben Abdellah (1757-1790) pour renaître de ses cendres. Il y fit construire une mosquée, une médersa, un hammam. Il la repeupla de berbères originaires de Haha (région sud d’Essaouira) et de Bouakher de Meknès. Il accorda à deux maisons espagnoles le monopole du commerce dans la région. En 1794, la ville fut baptisée Dar-El-Beïda, en référence à «la maison blanche» du gouverneur de la province des Chaouia.

Sidi Mohammed ben Abdallah, le Sultan qui a fait du Maroc le premier pays à  reconnaitre les Etats Unis d'Amérique
Sidi Mohammed Ben Abdellah, le sultan qui a fait du Maroc le premier pays à reconnaître les Etats-Unis d’Amérique.

Le Port de Casablanca

Fermé par Moulay Slimane suite à la rébellion des autorités de la province, ce n’est qu’en 1830 que le Sultan Moulay Abderrahmane rouvrit à nouveau le port de Casablanca au commerce européen. Au milieu du 19è siècle, une crise européenne en laine et blé a donné un nouvel essor à la ville qui accueillit des Français, Anglais et Allemands en quête de ravitaillement. Depuis et grâce à l’avènement de la navigation à vapeur, les liaisons entre Casablanca et les principaux ports européens commencèrent à se multiplier.

Nous avons 32 navires en rade, dont 6 à 8 français, il y a en ce moment un mouvement comme on n’en a encore jamais vu à Casablanca.

M. Hortus, 1856

En 1871, un vice-consul rapporta que le commerce «tend de plus en plus à se concentrer dans Casablanca, au détriment de Tanger, où nos négociants les plus sérieux ont établi le siège de leurs affaires».

Au delà de l’exportation, s’ajouta également l’importation et la distribution de produits manufacturés qui entraînèrent une augmentation significative de la population. Ainsi ruraux des environs, agents du Makhzen, commerçants de Fès, Tanger et Rabat, personnel des consulats, vice- consulats, etc., affluèrent vers Casablanca.

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« Depuis une dizaine d’années Casablanca s’est complètement transformée… les huttes qui couvraient son enceinte disparaissent tous les jours pour laisser place à des maisons de pierre servant à la fois d’habitations et de dépôts.

Note d’un observateur de l’époque

De quelques centaines d’habitants en 1850, la ville passa à près de 8000 en 1866, dont 6000 musulmans, 1800 israélites et plus d’une centaine d’européens.

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Casablanca, 1906

Quand la conférence d’Algéciras attribua à la France les travaux d’aménagement du nouveau port de Casablanca, de graves incidents eurent lieu en 1907. Ces incidents donnèrent à la France l’occasion de déployer une intervention militaire qui, en 1912, déboucha sur la signature du Protectorat.

A l’aube du 20è siècle, Casablanca se confondait avec ce que l’on peut appeler aujourd’hui l’Ancienne Médina. Une ville d’une cinquantaine d’hectares, entourée d’une ceinture de remparts.

Entre 1910 et 1950, la ville entra dans une période faste avec la mise en place de grands chantiers, planification de grandes avenues, construction de grands immeubles, instauration de lignes maritimes régulières… c’est aussi la période du début de l’automobile, avec l’Euro-automobile Rallye Casablanca de 1920.

Avec l’Opération Torch en 1942, ou encore le débarquement des alliés Américains en Afrique du Nord, les chefs d’états des puissances alliées (Roosevelt, Churchill, Giraud et de Gaulle) se réunirent à Anfa pour préparer la stratégie d’après-guerre. De nombreux Casablancais ayant souffert du Protectorat, de l’opération Torch et de la riposte allemande, s’enfuirent aussitôt vers l’arrière-pays. 

conference danfa IL ÉTAIT UNE FOIS LA VILLE DE CASABLANCA
Opration "Torch" - Débarquement Alliés en AFN - 8 novembre 1942
Opération Torch, débarquement des alliés le 8 novembre 1942

Casablancais, âme de résistants

Après l’exil du Sultan Mohamed V (1953-1955) par les autorités françaises, la résistance contre le protectorat français est née à Casablanca où de nombreux militants y ont laissé la vie. Appelés fida’iyine, ils œuvrèrent inlassablement pour le rachat de l’indépendance politique du pays. Ainsi, eurent lieu de nombreuses émeutes de protestation dans l’ancienne médina, les Habous, Derb Sultan, Derb Al Kabir, etc. Cet élan nationaliste a démontré le fort attachement du peuple marocain à leur monarchie, leur nation et leur ville.

Aujourd’hui, les principales artères de la ville portent les noms de ces patriotes. D’où le boulevard Al Fida, boulevard de la Résistance ou encore le boulevard Zerktouni qui à eux seuls, ceinturent la ville.

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