Un jour de plus, et Everything is Changing m’échappait. Après trois mois d’exposition, j’ai pu l’explorer… le dernier jour. Visite guidée par Karim Marrakchi, l’artiste qui questionne le temps et révèle l’invisible. Oui oui, en personne !
Certes, Everything is Changing. Le temps, l’art, les perceptions, nous-mêmes. Cette exposition ne se contentait pas de le dire, elle le montrait. Dans cet univers où chaque œuvre interrogeait l’espace et la matière, tout semblait évoluer sous mes yeux, se transformant au fil de la lumière. Une sorte de miroir tendu à nos propres métamorphoses, qui nous invite à accepter le changement, à l’aimer. Je suis sortie de là, habitée par l’intensité de cette expérience. Et dire que tout ça a failli disparaître avant même d’exister pour moi !
Un voyage qui commence au Habous
En arrivant au Quartier Habous, je me demandais pourquoi m’être aventurée jusque-là, coincée dans le trafic et le brouhaha de la ville. Mais à Dar El Kitab, tout prenait sens. Cette maison d’édition, fondée en 1948, a su se réinventer en espace d’art contemporain où l’histoire côtoie la création, où l’architecture accueille l’imaginaire. Entre librairie, galerie et espace muséal, on oublie la ville, on entre dans un monde où le passé inspire le présent.
Des abysses à la lumière
Le voyage commence dans un tout petit patio peint en bleu encre, avant de basculer vers d’autres univers. C’est là que Karim Marrakchi m’a expliqué : « On va plonger dans les profondeurs puis remonter vers la lumière ».
Il avait raison. Devant moi, des toiles aux teintes abyssales, des bleus profonds, des verts sombres. Des fonds marins où la lumière semble se perdre, puis réapparaître comme un souffle d’air. Une atmosphère silencieuse, presque suspendue.
À mesure que l’on montait, l’univers s’élargissait. Chaque pas révélait de nouvelles matières, de nouveaux personnages, de nouvelles couleurs. Tout semblait lié à la métamorphose, à ce changement perpétuel qui transforme tout en mouvement.
Sans que je ne m’en aperçoive, je me suis demandée ce qui, en moi, avait déjà changé. Le voyage n’était pas seulement visuel, il était intérieur.
Ce que l’Œil ne voit pas
Karim Marrakchi ne se contente pas de peindre. Il questionne, explore, transforme. Il maîtrise la lumière avec une précision qui frôle l’alchimie. Sur verre, ses toiles captent les rayons du jour et les transforment en révélations. Des dimensions insoupçonnées apparaissent, des personnages cachés surgissent.
À chaque regard, un détail nouveau se dévoile. Comme si ces tableaux n’étaient jamais tout à fait les mêmes, évoluant au fil de la lumière et du temps. Tout dépend de l’angle, du moment et du regard. Et puis il y a cet Œuf. Mystérieux, presque sacré. Symbole de naissance, de tout ce qui change, ce qui demeure et qui continue. Face à lui, on se surprend à retenir son souffle.
Comme devant un secret universel.
Entre terre, mer et air, le voyage cosmogonique
Everything is Changing n’est pas une exposition contemplative. C’est un cheminement. De la Terre à l’Air, en passant par la Mer, chaque œuvre devient un élément d’un tout cosmique. Karim crée des mondes, il les déconstruit, les fait renaître.
On passe des abysses aux hauteurs. Tout semble en perpétuelle évolution, dans un cycle sans fin, qui questionne l’origine et le devenir. Et si, comme le Petit Prince, il suffisait de regarder autrement pour découvrir l’essentiel ?
Résonances & partages
Tel un passeur de perceptions, Karim Marrakchi ne raconte pas d’histoires, il se pose des questions, ouvre des portes et partage son univers avec des artistes qui vibrent à la même fréquence. Uzong Choë, Reda Belhaj, Seunyon Seny Lee, Meryem Aboulaoufa, Abdeslam Raji, Harauld Sextus, Ahlam Chaieri, Fatima Zahra Salih et Irene Piccolo ont également contribué à ce dialogue artistique. Chacun apportait son souffle dans des mondes qui se croisent, se frôlent et se répondent. C’était une communion artistique où les frontières se sont effacées pour laisser place à un mouvement d’inspirations croisées. D’ailleurs, on ressort de cette exposition transformé. Avec plus de questions que de réponses. Avec cette sensation d’avoir vécu un voyage intérieur… et un dialogue silencieux avec l’univers.
Une expérience qui continue de résonner
Trois mois d’exposition. Des années pour questionner le temps, travailler la matière et jouer avec la lumière. Et moi, j’ai eu cette chance inouïe d’en faire l’expérience le dernier jour. Je me suis même demandée ce qui en moi, avait déjà changé sans que je ne m’en aperçoive.
Parce que tout change, une chose est certaine, Karim Marrakchi continuera de questionner le monde avec ses couleurs, ses formes et sa lumière. Son voyage ne fait que commencer.
Et le nôtre aussi.
Khadija Dinia, aka Didije est une journaliste influenceuse qui jongle entre papier et digital, en s’inscrivant aux tendances du moment. Elle met sa plume, son regard et son coeur au service du beau, valorisant tout type de contenu.
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